jeudi 25 avril 2019

Mercredi 24 avril : équipement à la grotte du Reclot

Rédacteur : Pascal Hernandez
Localisation : Le Reclot commune de Labruguière 81200
Participants  : 2 : Sylvain Fabre et Pascal
But : Équiper le puits et voir se qui se passe en bas
Durée : 5 h




Vidéo de la première caméra : https://www.youtube.com/watch?v=sVHgovS07Pg&t=52s
[ Je sais que ce récit est long, mais je ne sais pas faire de compte-rendus en deux lignes sans omettre un maximum de choses...]

Perte de la deuxième caméra dans la cascade. Pas de photo.
Rendez-vous en début d'après midi chez Sylvain
Préparation du matériel
Nous avons tenté un début de topographie mais nous avons préféré y renoncer pour l'instant...


"La grotte des fous", voilà comment aurait du être baptisée cette grotte ! Au moment ou j'écris ce CR j'ai l'impression d’avoir un sarcophage à la place du corps... J'ai le corps démembré, déchiré, cabossé, comme après avoir été passé par le supplice de la roue... et il en va de même pour Sylvain. Mais le pire (?) dans cette aventure, c'est qu'une fois le passage du puits franchi et après être descendu et avoir filmé la cascade par en dessous et les départs de galeries au bas du puits, une fois remonté dans le passage où il faut ramper dans le haut du méandre juste avant l'accès au puits, ma combi ouverte laisse échapper la caméra que je venais d'acheter pour l'occasion, de manière en avoir deux pour des plans divers, et voilà qu'elle se fout le camp sans que je ne puisse rien faire pour la retenir, elle tombe en dessous, dans le cours de la rivière, je la regarde comme un crétin avec sa poignée insubmersible s'en aller dans la cascade. Juste un : "MERDE MERDE MERDE !!!" ; elle est engloutie au fond du trou... Que faire sinon accepter ? Et comme je n'ai plus l’envie d'aller tout repasser, tout redescendre, tant je n'ai plus de force... Peut-être la retrouverons nous la prochaine fois si elle est resté coincée dans la galerie des eaux calmes ou dans le Thoré, si elle a préféré prendre le chemin du laminoir infranchissable où s’engouffre la plus grande partie des eaux de la rivière...


En haut du méandre, allongé sur le côté avec une jambe qui pend dans l'étroiture où dessous l'eau coule bon train, je prépare le premier amarrage. Sylvain, comme dans un bloc opératoire me passe les outils : "perfo", "mèche", "goujon", "plaquette"... Lui par contre, il est derrière moi, débout, dans la partie du méandre la plus large mais d'où il est quasiment impossible de tourner sur soi-même ; c'est pas de la tarte ! les sacs sont posés en équilibre ici et là sur des petits rebords. Sylvain commence à avoir froid car ses pieds sont dans l'eau gelée et il ne bouge pas, ne peut pas bouger, sauf pour me passer le matos. Deuxième amarrage posé, je passe dans les mousquetons la corde en main courante... Entre le puits et la fin du méandre, en équilibre sur une marche naturelle à gauche et la cascade sous moi qui vrombit tellement fort que l'on a du mal à s'entendre, je commence un troisième amarrage dans la paroi d'en face. J'ai l'épaule qui n'en peut plus à force de tenir le perfo à bout de bras et au moment de visser je dois abandonner, je reviens en arrière, me coince dans la partie basse du méandre pour laisser Sylvain passer au dessus de moi. Nous sommes ni à plat ventre ni à quatre pattes ni debout -bien sûr, ni assis ; cherchez la position ! Depuis le début du réseau jusqu'au puits il n'y a pas la place pour deux. Sylvain parvint à visser la plaquette et à mettre un quatrième amarrage. Quant à moi Je sors l’échelle souple qu'il fixe aux plaquettes, plus la corde de la main courante qui longe l'échelle pour sécuriser. Selon où l'on se place le puits a des longueurs différentes ; peut-être 4/5 mètres à partir du deuxième amarrage, et trois mètres, trois mètres et demi une fois descendu sur la marmite... Sylvain arrive jusqu'à la marmite, et ce que l'on croyait un début de galerie fossile se termine un mètre plus loin. Il semble déçu. En se penchant il tente de regarder au bas du puits et ne constate rien sauf une partie de l'eau qui s'en va dans un laminoir exiguë, infranchissable même. "Je crois qu'il n'y a plus rien" me dit-il. Mais moi je n'ai pas envie de repartir comme ça, de tout déséquiper après tout ce travail et je décide de descendre dans le puits ; tant pis pour la douche ! Sylvain remonte dans les hauteurs du méandre, en fait il est plus facile de remonter car il y a des prises que l'on ne voit pas d'en haut. J'arrive à mon tour à la marmite. Le bruit est assourdissant. Je m'accroche à l’échelle et je descends, sauf que, avec ces échelles souples on a tendance à partir en arrière et donc, putain de merde ! je me ramasse la cascade dans le dos, le cou... Je comprends pourquoi, avant, on balançait à pression de l'eau froide sur les fous !!! ça calme vraiment : c’est électrochoc ! Puis à ce niveau de la chute la pression est forte... 

Je pose donc un pied à terre, trempé plus qu'une éponge (?!) je commence à trembler comme si j’avais une remontée de paludisme, et ce n'est qu'une fois au fond du puits que l'on peut apercevoir LES GALERIES ; je dis "les galeries" car il y en a trois. Une, face à la cascade, et contournant le laminoir où pénètre la majeure partie de l'eau. C'est une galerie/boyau jonchée de petits galets qui vont du jaune clair au brun, typique des cours d'eau souterrains. Je rentre un peu dans la galerie à plat ventre, encore dans de l'eau, j'avance de deux mètres et je ne vais pas plus loin, je suis fatigué et surtout les avant bras et les genoux à vifs m'insultent. Je reviens au bas du puits qui est assez évasé, j'évite la cascade mais ça m'éclabousse quand même de partout, et à l'opposé à la droite de la cascade, au ras du sol, il y a un début de boyaux exactement comme celui qui fait le départ de cette grotte, mais encore plus étroit avec cette fois-ci une eau peu profonde et qui semble plus stagner que couler. Le départ commence par un "S" de calcaire clair et coupant et je n'ai pas envie d'y aller non plus. Je continue à trembler de plus en plus fort... Entre temps Sylvain est redescendu sur la marmite. De mon côté je découvre une troisième galerie, presque au dessus de celle en « S », encore étroite mais un peu moins que les autres et qui semble fossile; sur le sol il y a de la terre pas trop humide, un peu pareille à ces grottes que l'on retrouve au bord du Thoré comme "En Gasc" etc. Là non plus, je n’ai pas le courage d’escalader même si ce n’est pas haut. Je décide plutôt de remonter et ressortir. Je suis mort, Sylvain est mort et il reste du chemin à parcourir; non en longueur mais en difficultés...

Mon pied, jusqu'au creux du genou, se prend dans un pas de l’échelle. Je n'arrive même plus à remonter ma jambe tant je suis épuisé, sans compter les pendules qui me renvoient dans la cascade... Après un effort qui me semble surhumain j'arrive à placer ma jambe libre sur un rebord de calcaire et je peux me hisser de manière à pouvoir sortir ma jambe prisonnière. Je m'y reprends d'une autre manière et aidé par ma poignée j'arrive enfin sur la marmite où m'attend Sylvain pour me seconder. Ce n'était pas haut mais quand t'es épuisé...

De la marmite jusqu'au haut du méandre, en surplombant la cascade, ce n'est pas trop coriace. En fait ce qui nous a crevé c’est la pose des amarrages et les postures statiques qui font rentrer le froid dans le corps et épuise les membres à devoir travailler les bras tendus.

Le retour est extrêmement difficile, Sylvain est devant, je l'entend pester contre je ne sais quoi, d'ailleurs, je ne distingue même plus sa loupiote... Je ne sens plus mes bras ni les jambes, Sylvain pareil, me dira t-il après. De mon côté je suis même obligé de me reposer dans la flotte tant mes bras n'arrivent plus à pousser au devant le sac qui se remplit d'eau à chaque poussée et qui en plus accroche de partout, sans compter mon casque et mon baudrier bardé de ses poignée et mousquetons que j'ai ôtés... J'avance un mètre, me repose quelques secondes, encore un mètre, arrêt, un mètre, de l’eau froide... Peut-être vais-je mourir là d'épuisement, "sniff" "Adieu monde cruel !". Je n'en vois plus la fin. Mes genoux, mes avant bras me brûlent... Puis au bout d'un moment, lorsque j’atteins enfin le laminoir et que je me trouve entre ce dernier et la chatière finale je sens le sol de calcite devenir chaud, curieux cette sensation. Je lui dis même à Sylvain qui attend sur l'échelle, que je ferais bien un petit somme, là, sur le sol où c'est tellement doux cette chaleur... Normal banane, le soleil rentre par le puits d'entrée !

Avec la force d'un mourant je passe le sac à Sylvain, puis le baudrier, puis mon casque, et je remonte l'ultime obstacle qui va me ramener dans le monde des gens normaux...

Nous avons tout laissé sur place : mousquetons, échelle, corde... Il reste encore à explorer ! La prochaine sortie devrait être moins contraignante, déjà nous connaissons bien le réseau, puis les amarrages sont maintenant installés, et nous savons exactement comment passer l'étroiture qui donne dans la marmite et le puits. Et ça ira beaucoup plus vite.

Retour chez Sylvain, on se change dans la remise, puis nous allons chez lui regarder la vidéo de la première caméra (Bon Dieu que je peste pour l'autre, non pour l'appareil en lui même mais pour les prises de vues...)

Résulta : Une chatière à passer dans le haut du méandre et trois galeries/boyaux à explorer au bas du puits.

Sylvain est moulu, nous sommes moulus. Cafés.
Et merci pour les néoprènes, sans elles les Gallacticus nous auraient peut-être retrouvés dans 500 ans complètement momifiés de froid...

C'est moche mais faut se contenter de ça pour le moment !

1 commentaire:

matthias a dit…

Super la cascade, faites gaffe aux orages !!! car vu l'étroitesse et la proximité de la surface ça doit monter en quelques minutes !
C'est super d'avoir débouché dans une galerie plus haute mais c'est vraiment pas de chance quelle soit aussi étroite ...
En tout cas, ne m'appellez pas pour venir visiter, je déteste l'eau froide surtout si il faut ramper dedans :(