Rédacteur : Pascal Hernandez
Localisation : Le Reclot commune de Labruguière 81200
Participants
: 2 : Sylvain Fabre et Pascal
But : Équiper le puits et voir se qui se passe en bas
Durée : 5 hVidéo de la première caméra : https://www.youtube.com/watch?v=sVHgovS07Pg&t=52s
[ Je sais que ce récit est long, mais je ne sais pas faire de compte-rendus en deux lignes sans omettre un maximum de choses...]
Perte de la deuxième caméra dans la cascade. Pas de photo.
Rendez-vous en début d'après midi chez Sylvain
Préparation du matériel
Nous avons tenté un début de topographie mais nous avons préféré y renoncer pour l'instant...
"La grotte des
fous", voilà comment aurait du être baptisée cette grotte !
Au moment ou j'écris ce CR j'ai l'impression d’avoir un sarcophage
à la place du corps... J'ai le corps démembré, déchiré,
cabossé, comme après avoir été passé par le supplice de la
roue... et il en va de même pour Sylvain. Mais le pire (?) dans
cette aventure, c'est qu'une fois le passage du puits franchi et après
être descendu et avoir filmé la cascade par en dessous et les
départs de galeries au bas du puits, une fois remonté dans le
passage où il faut ramper dans le haut du méandre juste avant
l'accès au puits, ma combi ouverte laisse échapper la caméra que
je venais d'acheter pour l'occasion, de manière en avoir deux pour
des plans divers, et voilà qu'elle se fout le camp sans que je ne
puisse rien faire pour la retenir, elle tombe en dessous, dans le
cours de la rivière, je la regarde comme un crétin avec sa poignée
insubmersible s'en aller dans la cascade. Juste un : "MERDE
MERDE MERDE !!!" ; elle est engloutie au fond du trou... Que
faire sinon accepter ? Et comme je n'ai plus l’envie d'aller
tout repasser, tout redescendre, tant je n'ai plus de force... Peut-être la retrouverons nous la prochaine fois si
elle est resté coincée dans la galerie des eaux calmes ou dans le Thoré,
si elle a préféré prendre le chemin du laminoir infranchissable où
s’engouffre la plus grande partie des eaux de la rivière...
En haut du méandre,
allongé sur le côté avec une jambe qui pend dans l'étroiture où
dessous l'eau coule bon train, je prépare le premier amarrage.
Sylvain, comme dans un bloc opératoire me passe les outils :
"perfo", "mèche", "goujon",
"plaquette"... Lui par contre, il est derrière moi,
débout, dans la partie du méandre la plus large mais d'où il est
quasiment impossible de tourner sur soi-même ; c'est pas de la tarte
! les sacs sont posés en équilibre ici et là sur des petits
rebords. Sylvain commence à avoir froid car ses pieds sont dans
l'eau gelée et il ne bouge pas, ne peut pas bouger, sauf pour me
passer le matos. Deuxième amarrage posé, je passe dans les
mousquetons la corde en main courante... Entre le puits et la fin du
méandre, en équilibre sur une marche naturelle à gauche et la
cascade sous moi qui vrombit tellement fort que l'on a du mal à
s'entendre, je commence un troisième amarrage dans la paroi d'en
face. J'ai l'épaule qui n'en peut plus à force de tenir le perfo à
bout de bras et au moment de visser je dois abandonner, je reviens en
arrière, me coince dans la partie basse du méandre pour laisser
Sylvain passer au dessus de moi. Nous sommes ni à plat ventre ni à
quatre pattes ni debout -bien sûr, ni assis ; cherchez la
position ! Depuis le début du réseau jusqu'au puits il n'y a
pas la place pour deux. Sylvain parvint à visser la plaquette et à
mettre un quatrième amarrage. Quant à moi Je sors l’échelle
souple qu'il fixe aux plaquettes, plus la corde de la main courante
qui longe l'échelle pour sécuriser. Selon où l'on se place le
puits a des longueurs différentes ; peut-être 4/5 mètres à partir
du deuxième amarrage, et trois mètres, trois mètres et demi une
fois descendu sur la marmite... Sylvain arrive jusqu'à la marmite,
et ce que l'on croyait un début de galerie fossile se termine un
mètre plus loin. Il semble déçu. En se penchant il tente de
regarder au bas du puits et ne constate rien sauf une partie de l'eau
qui s'en va dans un laminoir exiguë, infranchissable même. "Je
crois qu'il n'y a plus rien" me dit-il. Mais moi je n'ai pas
envie de repartir comme ça, de tout déséquiper après tout ce
travail et je décide de descendre dans le puits ; tant pis pour la
douche ! Sylvain remonte dans les hauteurs du méandre, en fait il
est plus facile de remonter car il y a des prises que l'on ne voit
pas d'en haut. J'arrive à mon tour à la marmite. Le bruit est assourdissant. Je
m'accroche à l’échelle et je descends, sauf que, avec ces
échelles souples on a tendance à partir en arrière et donc, putain
de merde ! je me ramasse la cascade dans le dos, le cou... Je comprends
pourquoi, avant, on balançait à pression de l'eau froide sur les
fous !!! ça calme vraiment : c’est électrochoc ! Puis à ce
niveau de la chute la pression est forte...
Je pose donc un pied à
terre, trempé plus qu'une éponge (?!) je commence à trembler comme si j’avais une remontée de
paludisme, et ce n'est qu'une fois au fond du puits que l'on peut
apercevoir LES GALERIES ; je dis "les galeries" car il y en
a trois. Une, face à la cascade, et contournant le laminoir où pénètre la
majeure partie de l'eau. C'est une galerie/boyau jonchée de petits
galets qui vont du jaune clair au brun, typique des cours d'eau
souterrains. Je rentre un peu dans la galerie à plat ventre, encore dans de l'eau, j'avance de deux mètres et je ne vais pas
plus loin, je suis fatigué et surtout les avant bras et les genoux à
vifs m'insultent. Je reviens au bas du puits qui est assez évasé,
j'évite la cascade mais ça m'éclabousse quand même de partout, et à l'opposé à la droite de la cascade, au ras du sol, il y a un début de boyaux exactement comme celui qui
fait le départ de cette grotte, mais encore plus étroit avec cette fois-ci une
eau peu profonde et qui semble plus stagner que couler. Le départ
commence par un "S" de calcaire clair et coupant et je n'ai
pas envie d'y aller non plus. Je continue à trembler de plus en plus fort... Entre temps Sylvain
est redescendu sur la marmite. De mon côté je découvre une
troisième galerie, presque au dessus de celle en « S »,
encore étroite mais un peu moins que les autres et qui
semble fossile; sur le sol il y a de la terre pas trop humide, un peu pareille à ces
grottes que l'on retrouve au bord du Thoré comme "En Gasc"
etc. Là non plus, je n’ai pas le courage d’escalader même si ce n’est pas
haut. Je décide plutôt de remonter et ressortir. Je suis mort,
Sylvain est mort et il reste du chemin à parcourir; non en longueur
mais en difficultés...
Mon pied, jusqu'au creux du genou, se prend dans un pas de l’échelle. Je n'arrive même plus à
remonter ma jambe tant je suis épuisé, sans compter les
pendules qui me renvoient dans la cascade... Après un effort qui me
semble surhumain j'arrive à placer ma jambe libre sur un rebord de calcaire et
je peux me hisser de manière à pouvoir sortir ma jambe prisonnière. Je m'y
reprends d'une autre manière et aidé par ma poignée j'arrive
enfin sur la marmite où m'attend Sylvain pour me seconder. Ce
n'était pas haut mais quand t'es épuisé...
De la marmite
jusqu'au haut du méandre, en surplombant la cascade, ce n'est pas
trop coriace. En fait ce qui nous a crevé c’est la pose des
amarrages et les postures statiques qui font rentrer le froid dans le
corps et épuise les membres à devoir travailler les bras tendus.
Le retour est
extrêmement difficile, Sylvain est devant, je l'entend pester contre je ne sais quoi, d'ailleurs, je ne
distingue même plus sa loupiote... Je ne sens plus mes bras ni les
jambes, Sylvain pareil, me dira t-il après. De mon côté je suis
même obligé de me reposer dans la flotte tant mes bras n'arrivent
plus à pousser au devant le sac qui se remplit d'eau à chaque poussée et qui en plus accroche de
partout, sans compter mon casque et mon baudrier bardé
de ses poignée et mousquetons que j'ai ôtés... J'avance un mètre, me repose
quelques secondes, encore un mètre, arrêt,
un mètre, de l’eau
froide... Peut-être vais-je mourir là d'épuisement, "sniff" "Adieu monde cruel !". Je n'en vois plus la fin. Mes genoux,
mes avant bras me brûlent... Puis au bout d'un moment, lorsque
j’atteins enfin le laminoir et que je me trouve entre ce dernier et la
chatière finale je sens le sol de calcite devenir chaud, curieux
cette sensation. Je lui dis même à Sylvain qui attend sur
l'échelle, que je ferais bien un petit somme, là, sur le sol où
c'est tellement doux cette chaleur... Normal banane, le soleil rentre
par le puits d'entrée !
Avec la force d'un
mourant je passe le sac à Sylvain, puis le baudrier, puis mon
casque, et je remonte l'ultime obstacle qui va me ramener dans le
monde des gens normaux...
Nous avons tout laissé sur place : mousquetons, échelle, corde... Il reste encore à
explorer ! La prochaine sortie devrait être moins contraignante,
déjà nous connaissons bien le réseau, puis les amarrages sont
maintenant installés, et nous savons exactement comment passer l'étroiture qui
donne dans la marmite et le puits. Et ça ira beaucoup plus vite.
Retour chez Sylvain,
on se change dans la remise, puis nous allons chez lui regarder la
vidéo de la première caméra (Bon Dieu que je peste pour l'autre,
non pour l'appareil en lui même mais pour les prises de vues...)
Résulta : Une chatière à passer dans le haut du méandre et trois galeries/boyaux à explorer au bas du puits.
Sylvain est moulu, nous sommes moulus. Cafés.
Sylvain est moulu, nous sommes moulus. Cafés.
1 commentaire:
Super la cascade, faites gaffe aux orages !!! car vu l'étroitesse et la proximité de la surface ça doit monter en quelques minutes !
C'est super d'avoir débouché dans une galerie plus haute mais c'est vraiment pas de chance quelle soit aussi étroite ...
En tout cas, ne m'appellez pas pour venir visiter, je déteste l'eau froide surtout si il faut ramper dedans :(
Enregistrer un commentaire