Rédacteurs : Patrick C. et Jean B.
Lieu : communes de Courniou et Saint-Pons de Thomières (34)
Après de belles avancées cet été et les
promesses de nouvelles découvertes dans les grottes du Deux cents balles et du
Portable, le camp prévu à l’automne devait être l’occasion de poursuivre nos
efforts pour explorer, découvrir et topographier ces cavités.
Mais
deux événements sont venus perturber ce programme. Ce fut d’abord l’annonce de
restrictions sanitaires pour faire face à l’épidémie de Covid 19 qui a fait
renoncer nombre de participants. Le deuxième événement a été plus heureux, car en milieu de camp, une belle petite première a permis de concrétiser des efforts engagés depuis plusieurs années.
Comme
à chaque camp, c’est Patrick qui s’est chargé de l’intendance, avec cette année
en prime les approvisionnements nécessaires à la désinfection et aux mesures
barrières anti-contamination.
Samedi
24
Matin
(Jean B, 3h) : Pendant que Patrick termine les courses à St Pons et la
préparation de la semaine, Jean va faire de la prospection au sud de la Salesse. Il note et visite quelques trous potentiellement intéressants, dont un déjà remarqué cet été, et qui n'a rien de nouveau ...
Après-midi
(Pierre P, Patrick C, Jean B, 3h) : nous décidons de faire une après-midi de
prospection entre Courniou et la vallée de Teussines en partant de la piste
forestière. C’est ainsi que sont localisées les quatre très belles
dolines de Teussines. Elles sont orientées Est-Ouest, dans le sens des couches géologiques.
Après
un peu de prospection en surface dans cette zone, le groupe repart en voiture
vers le col de Ste Colombe pour redescendre sur les Verreries de Moussans et
Courniou. Jolie balade sous le soleil automnal ! C’est l’occasion d’une petite
visite rapide aux deux dolines/effondrements
des Verreries de Moussans apparues en fin 2018-début 2019.
Dimanche
25
Matin
(Pierre P, Jean B, 3h) : visite de la galerie à droite de l’entrée du Portable, que nous avons commencé à
ouvrir cet été (longueur environ 10-12m, en descente sur 6-7 m) elle reste à
élargir ; puis travail de désobstruction au Dyson (galerie supérieure), une petite avancée mais rien de
significatif.
Après-midi
(Patrick, Pierre, Jean, puis Pascal, 3h) : en prospection nous retrouvons de nombreux
trous de blaireaux. Un site vu par Jean en 2016-2017, et revu par Eddie,
André et Patrick en 2018.
Nous
continuons alors les recherches dans un enchevêtrement de branches, de ronces
et autres péripéties, qui nous font passer devant un très beau gîte de sanglier
qui manifestement n’a pas été quitté depuis bien longtemps. Nous apprendrons le
lendemain qu’effectivement un sanglier de 52Kg avait été tué juste à côté le
matin même !
Mais
ce que nous n’avions pas encore vu c’était ce qui se trouvait un petit peu plus
bas …
Un
petit trou de 5 à 10 cm de diamètre, dans la mousse, attire le regard de
Patrick car une toile d’araignée semble bouger. La mousse enlevée permet de
voir un orifice qui part en direction de la montagne au milieu de cailloux,
plus ou moins enchâssés les uns sur les autres. Les trois copains se réunissent
là et après un petit quart d’heure ont la chance de voir l’ouverture devenir
très facilement pénétrable. Un coup de lampe nous permet d’apercevoir un loir
qui fuit à quelques mètres devant nous au fond de la cavité …
Pierre
pénètre le premier et aussitôt passée l’ouverture il se retrouve debout dans
une jolie diaclase très propre de 2 à 3 mètres de large. Devant lui la « la
galerie du loir » continue ; sous lui, la diaclase se pince et devient
impénétrable. Elle mesure environ 6 à 7 mètres de profondeur. Pierre explore la
galerie du loir remontante, mais malheureusement de ce côté-là aussi le passage
devient trop étroit.
Les "Trois Blaireaux", entrée
Il
ressort et Jean y va à son tour. Il confirme hélas les propos de Pierre. C’est
beau, très propre, mais sans suite apparente facile. Il faudra peut-être
revenir pour vérifier toute la cavité, particulièrement le sommet de la galerie
du loir et peut être aussi un semblant de départ vers la gauche au niveau de
l’entrée. Quant au fond, étroit, il demanderait pas mal de travail. Toute
modeste que soit cette découverte nous sommes très heureux et décidons de la
baptiser « La grotte des trois blaireaux » à suivre ….. ! La cavité et
tellement propre que l’on peut faire l’aller et retour « en costume », sans se
salir. C’est bien rare de trouver cela dans le St Ponais!
La
grotte ou faille des Trois Blaireaux,
offre 15 m de développement, environ 10 m de profondeur et des suites possibles
en hauteur (Nord) ou vers le bas (Sud) à condition d’élargir la faille qui se
resserre vers le bas.
Départ
de Pierre à 18h pour arriver avant le couvre-feu… petit Covid oblige !
Lundi
26
Les
nuages sont accrochés à la montagne. Il bruine. Le temps est triste ; nous
allons un peu nous mouiller …
Matin
(Patrick C, Pascal H, Jean B, 2h30) : Pascal nous rejoint pour la journée.
Nous partons afin de tester une ancienne désobstruction. En réalité, après remué quelques cailloux, nous tombons sur de la bonne terre bien dense. Aujourd’hui le trou, si trou il a, est totalement colmaté. S’il y a eu du
courant d’air, il a dû attraper un rhume ou le Covid car il a nez totalement
bouché ! A midi nous plions bagage et on verra plus tard (et sans bruine !) la
suite des recherches. Aujourd’hui le « ventre » du trou est bouché !…
Après-midi
(Pascal H, Jean B, 3h) : Patrick
part faire des courses et travaille au local pendant que Jean et Pascal se
dirigent vers un autre chantier de désobstruction dans le Trou du Belvédère. C’est une entrée découverte il y
a peu par Pascal, Sylvain et Matthias. Pas de
souffle, mais 4-5 m de galerie pénétrable en plein massif (vers l’ouest). Nous
avançons de quelques dizaines de centimètres : la galerie part légèrement
en pente vers le bas, il faut mettre « au gabarit » pour travailler à
l’aise.
Pascal, dans le trou du Belvédère, appliquant la
technique du creusement dite « de la pointe de la botte »
Mardi 27
Ce
matin, Michel S et Jean-Marc A arrivent de Toulouse. Autour du café de 9h, nous
commençons par faire le bilan des activités des premiers jours du camp et nous
nous donnons quelques objectifs.
Matin (Patrick C, Michel S, Jean-Marc A, Jean B, 2h) : accompagnement de l’adjoint au maire de Courniou
chargé de relever les capteurs de Radon (une douzaine) posés dans la grotte de
La Fileuse de Verre (Devèze) il y a un peu plus de 4 mois : nous partageons les tâches, Patrick
décroche les capteurs, Jean-Marc fournit les sachets, Jean les empaquète et
l’adjoint de mairie François note les numéros, c’est une affaire rondement
menée !
Les mesures confirmeront certainement les données du relevé précédent : la présence de radon naturel est normale dans un endroit confiné, mais ce gaz ne présente pas de danger pour les visiteurs ou les accompagnateurs.
Au
cours de cette visite, nous observons un petit rhinolophe dans la salle en bas
du grand escalier et un autre dans la galerie de sortie en haut. C’est encore
peu mais nous sommes seulement au début de l’automne. Certains hivers, on peut
trouver jusqu’à une quinzaine de petits et grands rhinolophes.
Après-midi (Michel S,
Jean-Marc A, Jean B, 4h) :
tentatives d’élargissement au Châtaignier. Quelques écailles de roche en moins, trois travailleurs au bord de la
crise de nerf, et le passage qui résiste toujours.
Mercredi
28
Matin (Michel S, Jean-Marc A, Jean B, 4h) : Michel et Jean-Marc souhaitant parfaire leur
connaissance de tous les « trous » de la région, nous nous décidons
pour une visite d’Anaïs. Jean en profite pour reprendre de zéro la topographie au Disto X2.
Après-midi
(Arnoult S, Michel S, Jean-Marc A, Jean B, 5h) : Le groupe va aujourd'hui tester une hypothèse dans une des cavités de la région. Michel avait noté depuis
plusieurs années un passage souffleur dans un éboulis situé sous une salle. Ce trou n’était pas très engageant et personne n’osait trop imaginer
quel bloc il fallait commencer à retirer sous peine de tout voir s’écrouler,
tel un Mikado géant !
Une
fois arrivés sur place, deux groupes se forment : Arnoult et Michel sous
la salle, Jean-Marc et Jean dans la salle, 3 mètres environ au-dessus de
l’autre groupe. Immédiatement le contact est établi, quelques blocs sont
retirés, mais l’effondrement envisagé commence dans le boyau d’en
dessous : Michel et Arnoult sont à l’abri, mais on risque de tout boucher,
il faut décider, va-t-on passer par le haut au risque de boucher le passage du
bas ?
Finalement,
c’est par le haut que l’équipe décide de passer et que les blocs commencent à
être retirés ; un passage se fait jour. Soudain c’est tout le sol, qui
descend de quelques centimètres, en dessous plus possible de passer ! Les
ardeurs se calment un peu et nous décidons de faire la chaîne tous les quatre pour
alléger le poids de l’enchevêtrement de blocs.
Au
bout de quelques minutes, le passage est suffisant pour laisser passer Jean. Il
tombe dans une salle de bonne taille, aux parois couvertes de grands coups de
gouges. Pas de passage évident au premier
coup d’œil, mais Jean repère toutefois un petit trou dans le sol contre la
paroi vers l’est.
Les
copains se relaient, prudemment, pour aller visiter la salle. Conscients que le
passage à peine ouvert pourrait se refermer derrière eux, ils décident dans
un premier temps de laisser toujours un membre de l’équipe en arrière, au cas où …
Le
temps avance, il est 17h30, nous décidons de nous donner encore une petite
demi-heure. Pendant que Jean-Marc assure la sécurité et surveille la montre, Jean retire quelques blocs contre le mur de la nouvelle
salle, Michel et Arnoult s’attaquent à un autre trou qui laisse entrevoir une
suite dans le sol. Jean ouvre en premier « son » passage, mais
déception, il n’avance que de quelques mètres. Ce sont Arnoult et Michel qui
ont touchés le jackpot, la suite à l’air beaucoup plus évidente par là.
La "clé de voute", vue d'en dessous, elle tient ...
Encore
quelques minutes et c’est Arnoult qui s’engage… « super, c’est énorme,
génial », il commence à visiter la suite que nous appelions de nos vœux.
« C’est 18h » nous dit alors Jean-Marc, mais pas question d’arrêter
tout de suite, la visite commence, les possibilités sont importantes, …, tout
heureux, mais raisonnables, nous nous décidons finalement à ressortir, et à
revenir le lendemain !
Arnoult, sous de belles draperies
Le deuxième passage dans les blocs du sol donne sur un
réseau estimé d’abord à au moins 150 m, s’étendant vers l’Est, entre parois de schistes et de calcaires.
Jeudi
29
Journée
complète (Arnoult, Michel, Jean-Marc, Jean, 8h) : aujourd’hui,
évidemment, c’est la suite de l’exploration du nouveau réseau découvert la
veille. De nombreuses possibilités sont fouillées, vers le haut, le bas et vers
l’est. Jean a pris son matériel de topographie : 220 m de galeries
nouvelles sont notées.
Jean, Disto X2 et smartphone en main
Il y avait un doute la veille, maintenant c’est sûr,
nous ne sommes pas les premiers ! Des traces anciennes (empreinte de
chaussures type Pataugas, restes de lampe à carbure) sont découvertes. Pourtant
nous sommes au moins sûrs d’être les premiers à emprunter le passage ouvert la
veille. Cela veut dire que nos prédécesseurs sont venus d’ailleurs, mais impossible
de déterminer par où ils sont passés avec certitude.
La suite de l'exploration nous permet d'établir des jonctions avec des parties déjà connues de cette cavité. C'est sans doute par là qu'ils sont passés dans le temps, mais les passages se sont refermés depuis; à moins qu'il n'y ait une suite inconnue encore ?
C'est la fin du camp.
Le nouveau confinement nous oblige à interrompre nos explorations. Chacun repart dans ses pénates, non sans se dire : on reviendra !!
Michel, Jean-Marc, Jean, Arnoult
Bibliothèque du SCMNE
Avant son départ du camp, Arnoult fait don au club de deux
ouvrages qu’il a écrits. Grand merci à lui, voici une
lecture qui tombe à point en cette période de confinement !
1992 – Arnoult Seveau et Luc-Henri Fage - La mémoire
de brumes – Traversée interdite chez les Papous de Nouvelle-Guinée (site leslibraires.fr)
2016 – Arnoult Seveau – Roger, une vie de berger entre
Durance et Luberon (Les mémoires de Roger Jouve, lien)